Transi d'Adonis en os sculpté en ronde-bosse représentant le - Lot 87

Lot 87
Aller au lot
Estimation :
6000 - 8000 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 10 400EUR
Transi d'Adonis en os sculpté en ronde-bosse représentant le - Lot 87
Transi d'Adonis en os sculpté en ronde-bosse représentant le squelette du dieu grec debout, marchant et se tournant vers l'arrière, il pose sa main gauche sur la tête d'un sanglier bondissant, son bras droit retient un linceul; le crâne est encore doté d'une chevelure aux mèches ondulées, les jambes couvertes de leur peau mais laissant apparaître l'ossature à certains endroits; la base supporte des débris d'ossements. Allemagne du sud ou Tyrol, milieu du XVIIIe siècle H.: 17 cm (Petits accidents) La composition de cette sculpture est directement inspirée par un marbre conservé au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, sculpté par le maître italien Guiseppe Mazzuoli (Volterra 1644 - Rome 1725) entre 1700 et 1710 (inv Nsk-1113) et représentant la mort d'Adonis par le sanglier qu'il chassait (fig). L'artiste de cette vanité a voulu transcrire, avec l'esprit propre aux memento mori, la finitude humaine par-delà la suprême beauté de la jeunesse. Adonis est aimé d'Aphrodite. Sa beauté dès sa naissance est presque un danger. Ayant succombé aux charmes de la déesse de l'amour, mais aussi soulevant ainsi les jalousies de Perséphone, le jeune éphèbe meurt en chassant un sanglier. Son sang versé donnant naissance à l'anémone. L'art macabre puise son inspiration dans les courants philosophiques du moyen-âge et de la Renaissance pour tenter de donner un sens à la finitude des êtres et des choses. L'artiste a voulu utiliser ici la représentation de la beauté juvénile incarnée par Adonis, au moment de sa mort par une bête sauvage en évoquant non la beauté perdue mais la futilité d'une représentation désirable touchée par la corruption inévitable du corps. Mais également, sous-jacent à cette évidence de la mort, il évoque par le thème employé la métamorphose de cette mort en vie nouvelle sous la forme de cette fleur née du sang versé du dieu. Évidement la théologie chrétienne n'est pas loin. Ce n'est donc pas une image putride qu'il faut contempler mais un invisible spirituel plus grand. Si le siècle d'or de la représentation de la mort peut être le XVIIe, le XVIIIe siècle n'est pas sans œuvres accomplies. L'utilisation rare de l'os, matière moins noble que l'ivoire employé par les grands ateliers allemands notamment, est cependant connue dans des œuvres provenant de l'Italie du Nord comme des grains de chapelet à double faces par exemple. Mais également l'art funéraire qui utilise des ossements dans les cryptes de couvents ou de chapelles est bien connu; la chapelle des capucins à Rome, l'ossuaire de Sledec en République Tchèque où des lustres sont réalisés avec des ossements. Cette petite sculpture, inspirée d'une œuvre monumentale conservée dans des collections jusqu'en 1923 avant son entrée au musée de l'Ermitage offre donc un regard perçant d'un humaniste du XVIIIe siècle, vivant au contact des productions baroques romaines et souhaitant communiquer une pensée qui n'a jamais cessé d'agiter l'esprit de l'homme. Ouvrage consulté: Anne Lamort, La mort en faces, collection Frank Boucquillon, Knokke Le Zoute, 2020
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue