Vierge à l'Enfant en pierre calcaire sculptée en ronde-bosse - Lot 30

Lot 30
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Estimation :
80000 - 120000 EUR
Vierge à l'Enfant en pierre calcaire sculptée en ronde-bosse - Lot 30
Vierge à l'Enfant en pierre calcaire sculptée en ronde-bosse, dos creusé avec traces de polychromie et de dorure. Assise sur un banc et un cousin, Marie soutient son Fils debout sur sa jambe gauche en un geste délicat de sa main gauche qui passe derrière le corps de l'Enfant ; un déhanchement lui fait arquer le dos d'où un certain recul vis à vis de son Fils. Elle est coiffée d'une couronne ornée de gemmes serties en cabochons. Un voile court retient son abondante chevelure aux mèches ondulées et tombantes. Beau visage ovale, aux yeux en amande dont la paupière est doublement surlignée, la courbe des sourcils étant dans la continuité des lignes du nez ; la bouche est finement souriante et entrouverte, le menton est rond, les joues délicatement dessinées par un léger creusement après les lignes nasales. Elle est vêtue d'une robe ornée d'une broche pectorale, blousante audessus de la ceinture orfévrée ; un manteau est posé sur ses épaules, retenu par une cordelière, un pan revient sur ses genoux formant une multitude de plis en chute soit à bec soit en tuyau. Sur la terrasse un lion enlace un lionceau sous les pieds de la Vierge. Le banc est orné de remplages avec une frise végétale dans les parties supérieure et inférieure. Ile de France, vers 1270-1280 H. : 116 cm (quelques accidents et manques visibles, restaurations) Provenance : ancienne collection Louis et Ernesta Stern, Paris, et dans leur descendance, y compris pendant la seconde guerre mondiale. Nous sommes sans conteste devant un fleuron de l'art gothique qui s'inscrit dans la suite de la statuaire mariale parisienne du second quart du XIIIe siècle. Pour en faire l'analyse stylistique nous pouvons la rapprocher d'une sculpture très emblématique de cette période : la statue de la Vierge provenant du trésor de la Sainte-Chapelle conservée au musée du Louvre (inv OA57) (fig a). Cette sculpture d'ivoire issue des ateliers parisiens fut sans doute offerte par saint Louis. Elle exprime parfaitement les canons en vigueur par le léger déhanchement, le corps souple et particulièrement élancé, l'extrême finesse des traits du visage. Le raffinement poussé et l'harmonieuse proportion de cette statuette expliquent pourquoi elle fut admirée et imitée dès sa création, inspirant de nombreux imagiers. Des soeurs plus monumentales sont dans cette mouvance nouvelle, telle la Vierge aux pieds d'argent de Saint- Corneille conservée au musée Antoine Vivenel (inv B 445) (fig b). Elle fut offerte par Louis IX à l'abbaye Saint Corneille de Compiègne en 1267. Nous pouvons mettre en parallèle ici le voile court, la robe serrée à la taille par une ceinture orfévrée, le mouvement du corps arcbouté ainsi que le système du drapé aux grands plis « à becs » décalés sur un côté et à la cascade de plis tuyautés de l'autre. Mais le ciseau de l'imagier n'est pas le seul intervenant pour situer dans le temps la période de création d'une telle sculpture. Il y a des détails iconographiques à observer qui rendent comptent d'une pensée littéraire et théologique propre à une époque. Commençons par regarder ce qui est sculpté aux pieds de la Vierge. Nous voyons un lion couché enlaçant son petit avec une certaine tendresse. Des Vierges à l'Enfant ont été représentées foulant des animaux démoniaques, symbolique du mal pour illustrer les versets de l'Apocalypse. Deux autres, du premier tiers du XIVe siècle (l'une à la cathédrale de Langres et l'autre aux hospices de Tonnerre), ont le buisson ardent à leurs pieds pour mettre en parallèle la révélation du nom de Dieu dans l'Ancien Testament et l'Incarnation en la personne de Jésus. Mais ici, nous sommes devant une représentation inédite. Pour la comprendre il nous faut en chercher la signification dans les bestiaires du Moyen-Age qui dotent le lion d'une dimension christologique. Il est l'emblème de la tribu de Judas, tribu du roi David dont est issu le Messie. Dans Le Bestiaire d'Amour, oeuvre de Richard de Fournival (1201-1260), rédigé vers 1245, conservé à la Bibliothèque nationale de France, il est indiqué que le « lyon fait revivre ses lyonciaux », car son souffle est capable de redonner la vie au bout de trois jours à ses petits mort-nés, fol 18 (fig c). Cette représentation est donc ici une préfiguration de la Résurrection de cet Enfant Jésus debout sur les genoux de sa Mère. Intéressons-nous maintenant à l'expression du Visage de la Vierge qui rayonne d'une beauté parfaite révélant un bonheur intérieur. Les Vierges du XIIIe siècle ont un sourire emblématique qui dit beaucoup plus que la joie et la paix intérieures expérimentées par la maternité. Si la bouche est entrouverte et les lèvres finement étirées, si les joues se creusent en de subtiles commissures, ce sont aussi les yeux qui sont profondément marqués par le sourire de cette femme. Pourquoi son sourire est-il si hautement placé dans le visage ? Pou
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