Lot n° 362
Estimation :
7000 - 9000
EUR
Résultats avec frais
Résultat
: 12 880EUR
IACOVLEFF Alexandre Evgéniévitch (1887-1938). - Lot 362
IACOVLEFF Alexandre Evgéniévitch (1887-1938).
« Portrait d’Aïcha »
Sanguine sur papier, signée en bas à droite par l’artiste en caractères latins, située Paris, datée 1922, conservée sous verre dans un encadrement ancien en bois doré.
Traces de colle sur la bordure, petits accidents au cadre.
A vue : H. : 50,5 cm – L. :47,5 cm
Cadre : H. : 62 cm – L. :59 cm
Un certificat d’authenticité de Madame Caroline Haardt de La Baume, expert de l’œuvre d’Alexandre Iacovleff, Membre de la Chambre Européenne des Experts d’Art, sera remis à l’acquéreur. Ce lot sera inscrit au catalogue raisonné d’Alexandre Iacovleff qu’elle est en train de préparer.
PORTRAIT D’AÏCHA, MUSE DE MONTPARNASSE, PAR ALEXANDRE IACOVLEFF
A peine arrivé dans le Paris des années folles, Alexandre Iacovleff est lancé, dès 1920, par l’exposition à la galerie Barbazanges de ses Dessins et Peintures d’Extrême-Orient et du superbe ouvrage homonyme publié par Lucien Vogel. Auréolé du prestige de ses études à l’Académie impériale de Saint- Pétersbourg où il a appris la maîtrise de la sanguine et de la tempera, l’artiste russe enseigne dans une des nombreuses académies de Montparnasse et exécute déjà des portraits d’une grande finesse.
Est-ce à la Rotonde, au Sélect, à l’Académie de la Grande Chaumière, ou ailleurs qu’Alexandre Iacovleff rencontre le modèle noir le plus connu de Montparnasse, Aïcha Gobelet dite « Aïcha » ? Cette mulâtresse à l’existence singulière, venue du cirque, abordée dans la rue par Jules Pascin qui en fera son modèle attitré, deviendra la coqueluche de l’Ecole de Paris et posera pour le peintre russe.
Dans ce « Portrait d’Aïcha » à la sanguine, Alexandre Iacovleff a choisi avec pudeur de représenter son beau visage au regard profond, encadré par son célèbre turban et un col tuyauté. Pour cette œuvre, il avait déjà réalisé en 1921 une étude préparatoire (Etude pour Aïcha, fusain, 17x 10 cm, sketch books ©Archives Haardt). Aïcha y est assise, toujours dotée de son turban et de son col tuyauté, et ramène presque frileusement sur elle une cape enveloppante. Une autre fois encore, sans avoir froid, Aïcha posera pour lui nue dans une œuvre originale d’une grande liberté, Femme à l’autruche, (Sanguine et gouache sur papier, 149,8 x 57,7 cm, Lot 134, Christie’s Londres, 29 novembre 2006 ©Christie, Manson & Woods Ltd)
« PRINCESSE AÏCHA » est de toutes les nuits folles de Montparnasse ! Coiffée de son célèbre turban, elle fait la couverture de la revue Paris Montparnasse en 1929, où le poète André Salmon la décrit ainsi : « Si Aïcha est souvent nue, elle défait rarement son turban, tantôt vert chou, tantôt argenté, qui lui va si bien. (…) Bien avant que Joséphine Baker ne lance la mode des ceintures bananes, Aïcha portait, lors de soirées endiablées à Montparnasse, sa minuscule jupe en raphia ».
Libre, délicieuse, Aïcha pose pour une multitude d’artistes mais confie au journal L’œuvre en 1930 « dans leurs toiles, je ne me suis jamais reconnue ». Interviewée par Jean-Marie Drot, dans le livre-caméra Les heures chaudes de Montparnasse, Musée du Montparnasse, 2007, elle évoque ainsi le Prince Pascin qui l’avait découverte : « Pendant plus d’un an, je n’ai posé que pour lui, mais je n’ai jamais voulu poser nue, parce que pour moi il était comme un frère, alors j’avais honte. Il était furieux parce que je posais nue pour tous les peintres. Mais un jour, comme tous me voulaient comme modèle, j’ai volé de mes propres ailes. »
Et quelles ailes ! L’Ecole de Paris se l’arrache. La liste est longue de ceux qui ont été séduits par sa plastique exceptionnelle. Matisse, Valotton, Kisling, Van Dongen, Foujita, Modigliani mais aussi Ottmann, Matthey, Steinlen, ou son compagnon ukrainien Granowsky, toujours affublé d’un chapeau texan et surnommé le Cowboy. Man Ray la photographie avec son turban, Jeanne Tercafs sculpte son profil en bronze, Charles Boyer lui donne la réplique au théâtre et André Salmon lui consacre un livre en 1920, La Négresse du Sacré-Cœur. Un vrai palmarès…
Récemment, Aïcha a été redécouverte. A l’exposition « Le modèle noir de Géricault à Matisse » au musée d’Orsay en 2019, trois peintres lui rendaient hommage. Félix Vallotton la peint en peignoir vert, coiffée de son turban argent. (Aïcha, huile sur bois, 1922, 99,8 x 80, 5 cm, Collection privée) ; Henri Matisse la représente sans turban aux côtés de Lorette (Aïcha et Lorette, huile sur bois, 1917, 86 x 108 cm, Collection privée) ; Moïse Kisling la peint nue coiffée de son turban vert-chou. (Aïcha, huile sur bois, 1919, 43,5 x 40,5 cm, Collection privée).
Et en 2023, c’est ce « Portrait d’Aïcha » par Alexandre Iacovleff qui remet en
Noblesse & Royauté - Art Russe
Vente à 11h00 - du n°1 au n°95
Vente à 13h30 - du n°96 au N°432
Expositions publiques
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Jeudi 22 juin - de 11h00 à 20h00
Vendredi 23 juin de 11h00 à 12h00
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